Transcription Balado uOCourant

Saison 4, Épisode 2

Gwen Madiba : Bienvenue à uOCourant, un balado informatif, inspirant et divertissant de l’Université d’Ottawa!

Bonjour, je suis Gwen Madiba, animatrice de l’émission et fière détentrice de deux diplômes de la Faculté des sciences sociales. Je suis aussi présidente de la fondation Equal Chance, un organisme sans but lucratif qui valorise les femmes et les communautés noires partout au pays.

Le but d’uOCourant est de vous faire connaître des chercheurs, chercheuses et diplômés à l’avant-garde de leur domaine et d’avoir avec eux des discussions stimulantes sur les sujets du moment.
 

Bienvenue à cette quatrième saison d’uOcourant, placée sous le thème de la créativité et de l’inspiration. Nous allons nous entretenir avec des diplômées et diplômés de l’Université qui mènent aujourd’hui une brillante carrière dans leur domaine – notamment le droit, les affaires, la science et les arts. Ces figures influentes viendront de Montréal, de Toronto, de Chicago et d’ailleurs pour nous parler de l’importance de l’inspiration et de la créativité dans leur vie.

Notre invitée aujourd’hui, la diplômée de l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa Sylvie Légère, combine l’entrepreneuriat social, les investissements à retombées sociales, la philanthropie et l’écriture. C’est sa passion pour l’inclusion et l’avancement des femmes qui l’a amenée à cofonder The Policy Circle, un organisme à but non lucratif qui s’est développé en aidant les femmes à s’engager dans la société, à concevoir et à s’approprier des solutions aux problèmes communautaires, et à prendre part au dialogue public. L’organisme compte maintenant 13 500 membres, adeptes et responsables de cercle dans 44 États américains.

 Sylvie Légère a également occupé des postes au sein de sociétés figurant au palmarès Fortune 500, telles que J.P. Morgan Chase et TD Ameritrade. Par le biais de son livre Trust Your Voice: A Roadmap to Focus and Influence et de son balado Trust Your Voice, Sylvie donne aux gens les moyens de réaliser leur potentiel et celui des autres. Merci beaucoup, Sylvie, de vous joindre à nous aujourd’hui depuis Chicago!

Sylvie Légère : Bonjour, Gwen, et merci de m’avoir invitée, je suis très heureuse d’être avec vous.

Gwen Madiba : Bonjour. J’aimerais amorcer notre entretien par une question sous le thème de la créativité et de l’inspiration, que nous posons à toutes les personnes que nous recevons cette saison. Qu’est-ce qui stimule votre créativité, et pourriez-vous nous faire part d’un moment de votre vie où une étincelle créative a eu un effet déterminant?

Sylvie Légère : Merci de me poser cette question, Gwen. Tout d’abord, il faudrait peut-être définir ce qu’est la créativité, car on a parfois tendance à la restreindre à l’espace visuel. On entend souvent dire des choses comme « je ne sais pas dessiner, je n’ai aucune créativité ». Je crois en fait que tout le monde peut être créatif, car il s’agit avant tout d’un état d’esprit dans lequel nous cherchons constamment à améliorer ce que nous faisons et la manière de le faire. Je me plais à dire que la créativité consiste à trouver une solution, à combler une lacune, peu importe l’ampleur de la tâche.

Il nous arrive parfois d’associer la créativité uniquement à quelque chose de grandiose, mais je vais vous donner un exemple d’un élan de créativité bien modeste.

Comme vous le savez, j’ai cofondé The Policy Circle. L’objectif de cet organisme est de donner aux femmes les moyens de prendre part au dialogue public et de devenir des leaders dans leur communauté. L’un de nos programmes phares est une table ronde portant sur les dossiers que nous publions. Et vous vous doutez bien que l’animation de ces discussions n’est pas chose aisée. Comment assurer une bonne conversation entre les gens réunis? Comment amener les personnes plus vocales à laisser les autres s’exprimer davantage? Nous avons donc eu l’idée de minuter les interventions afin de favoriser le bon déroulement de la table ronde. Pour ce faire, nous avons acheté de magnifiques sabliers de deux minutes chez Ikea et en avons remis un à chaque participant et participante. Cette astuce toute simple permet d’assurer le respect des personnes moins loquaces et de leur offrir l’espace et le temps nécessaires pour exprimer leurs idées et leurs opinions.

Et celles qui sont plus spontanées disposent d’une limite de temps visuelle pour contenir leurs élans. J’utilise cet exemple, car il illustre une solution simple et créative à un problème très complexe.

Gwen Madiba : C’est vraiment formidable, et j’aimerais en apprendre davantage sur votre état d’esprit créatif lorsque vous étiez à l’Université d’Ottawa. Si vous le voulez bien, revenons à l’époque de vos études au baccalauréat en systèmes d’information de gestion. Avec le recul, en quoi cette période de votre vie vous a-t-elle influencée et a-t-elle façonné votre parcours? Et, restons dans le thème… Croyez-vous que la créativité a été un facteur dans vos études.

Sylvie Légère : Oh, oui, sans aucun doute. Tout d’abord, vous savez, je ne parlais pas très bien l’anglais à mon arrivée à l’Université d’Ottawa. C’était donc extraordinaire de faire partie d’une université bilingue qui me permettait de suivre des cours d’anglais et d’interagir avec des Canadiens anglophones. Cette expérience a donc changé le cours de ma vie.

De plus, le programme en systèmes d’information de gestion était offert conjointement avec le Département d’informatique. Or, j’ai pu apprendre des notions de sciences et de génie en suivant les différents cours. Et j’ai poursuivi mes études à la maîtrise en informatique spécialisée en intelligence artificielle appliquée à l’apprentissage à l’Université Northwestern, ici, aux États-Unis. Dans ce contexte, nous avons créé des milieux d’apprentissage simulant des situations de travail et permettant de parfaire les compétences générales. C’était donc extrêmement créatif. Je crois que l’informatique est un domaine de créativité.

Le troisième élément est le régime coop. J’avais d’assez bonnes notes pour y être invitée, et j’ai ainsi fait partie de la première ou de la deuxième promotion du régime d’enseignement coopératif. J’ai donc pu faire l’expérience de différents milieux de travail, de la grande entreprise au secteur privé, en passant par le gouvernement. En grandissant à Ottawa, on ne connaît que le gouvernement, et beaucoup de gens veulent faire carrière dans la fonction publique. Cela dit, c’est chez IBM qui j’ai vécu ma première expérience de travail coopératif. Et c’est ce qui m’a propulsée vers le secteur privé. Dans le cadre du régime coop, j’ai également eu l’occasion d’œuvrer en consultation. J’ai fini par obtenir un emploi chez Accenture, un cabinet de conseil mondial en matière de systèmes et de stratégie, une expérience qui a complètement changé le cours de ma vie. Et je remercie du fond du cœur l’Université d’Ottawa de m’avoir offert ces occasions. J’ai le sentiment que l’Université est un tremplin pour la carrière, qui permet d’aborder une foule de sujets et de se constituer un réseau solide.

Gwen Madiba : Wow! Sylvie, c’est fantastique de voir l’effet que le régime coopératif a eu sur vous. Il s’est hissé parmi les cinq meilleurs au pays et est maintenant offert dans le cadre de 82 programmes d’études.

Sylvie Légère : Oui, c’est extraordinaire.

Gwen Madiba : J’ai adoré ce que vous avez dit au sujet de l’anglais comme langue seconde et de la possibilité de l’apprendre à l’Université d’Ottawa. Je ne m’en serais pas douté, car votre accent est parfait. Mais il en est de même pour moi, le français étant ma langue maternelle. Et lorsque j’ai amorcé mon parcours à l’Université d’Ottawa, je parlais à peine l’anglais. L’Université m’a en quelque sorte contrainte à accroître ma maîtrise de l’anglais, ce qui a été formidable et aussi très utile. Et c’est génial de voir que vous êtes aussi passée par là.

Sylvie Légère : Ouais. En fait, je n’avais pas le choix, car le régime coopératif exigeait la maîtrise de l’anglais. Et bon nombre des entretiens d’embauche se déroulaient en anglais. Tout d’un coup, j’ai pris conscience qu’il me fallait absolument apprendre cette langue.

Gwen Madiba : Je souhaiterais approfondir la question du courage créatif. Dans votre livre Trust Your Voice: A Roadmap to Focus and Influence, vous écrivez : « Pendant des années, je n’ai cessé d’attendre que la confiance finisse par se manifester d’une façon ou d’une autre. Mais j’ai finalement compris que je devais faire confiance à ma voix intérieure, même lorsqu’elle était tremblotante. »

Votre balado Trust Your Voice reprend aussi ce principe. Comment avez-vous appris à faire confiance à votre voix intérieure, et quels conseils donneriez-vous à nos étudiantes et étudiants pour les aider à réaliser leur potentiel créatif, notamment lorsqu’ils doivent sortir de leur zone de confort?

Sylvie Légère : Merci de me poser la question et de faire référence à mon livre ainsi qu’à mon balado. Je crois que la confiance en soi se fonde sur la conscience des valeurs qu’on souhaite défendre et véhiculer, de même que sur l’envie de faire bouger les choses. Pour moi, c’est un moyen de bonifier son existence.

C’est pourquoi dans mon livre et mon balado Trust Your Voice, je présente diverses façons de se faire confiance et de prendre de l’assurance. Et je crois que, pour avoir confiance en soi, il faut d’abord apprendre à se connaître. Quelle valeur exclusive apportez-vous à une équipe?

Dans mon balado, je me suis récemment entretenue avec une coach pour cadres, Nathalie Sabourin. Elle dirige le Co-Leadership Groupe, à Montréal. Cette experte recommande l’utilisation du questionnaire CliftonStrength, anciennement le StrengthFinder. Cet exercice vous aide à déceler vos forces et à en formuler la description.

Et je crois que lorsqu’on sait reconnaître ses forces, on peut s’y appuyer dans n’importe quelle situation. Et si on a besoin d’améliorations dans certains domaines, on peut ainsi en avoir une idée claire et prendre des mesures pour atténuer ce manque.

Je vais vous donner un exemple. Dans mon cas, le test StrengthFinder a révélé qu’une de mes forces était l’individuation, un mot plutôt étrange qui signifie la capacité de déceler le potentiel chez les autres. Et il est intéressant que le questionnaire ait fait ressortir cette caractéristique, car on me décrit souvent comme une petite bougie d’allumage. J’ai pris conscience, en effet, que je suis l’étincelle qui fait jaillir quelque chose de plus grand.

Or, quand je suis face à une situation, quand j’interagis avec les gens, je suis curieuse. Je me demande toujours comment je pourrais déclencher un certain changement et aider ces personnes à voir le portrait global.

 À mon avis, c’est de cette façon qu’on peut acquérir une confiance en soi. En effet, comme je le disais plus tôt, la confiance s’installe lorsqu’on sait quel est notre don unique. Et même si on peut mettre beaucoup de temps à le découvrir, l’effort en vaut la peine.

Un autre moyen d’accroître sa confiance en soi est de prendre une pause pour apprécier ses réussites. Et je crois, notamment d’après ce que j’ai observé chez les femmes que j’ai rencontrées, qu’on ne prend pas ce temps d’arrêt pour regarder tout le chemin parcouru, de célébrer ce droit et de lever notre regard, de voir la forêt, voir la suite, voir tout comme une occasion de grandir et de provoquer quelque chose. C’est tout ça qui alimente la confiance.

Gwen Madiba : Merci de nous en parler. Et il est vrai que nous ne prenons pas toujours le temps de regarder le travail accompli et de célébrer nos victoires, si modestes soient-elles. Merci de nous le rappeler, Sylvie, c’est important.

Je voulais vous poser une question sur l’esprit créatif des entrepreneuses et des entrepreneurs. Je sais que l’entrepreneuriat fait partie de votre cheminement professionnel. À l’Université d’Ottawa, notre Carrefour de l’entrepreneuriat façonne l’esprit entrepreneurial partout sur le campus en soutenant le démarrage d’entreprises mises sur pied par des étudiants et des étudiantes, en proposant divers programmes et activités ainsi qu’en favorisant un solide réseau de mentorat. Ce sujet présente donc un réel intérêt pour notre communauté. Maintenant, à titre d’investisseuse dans de jeunes pousses technologiques et des entreprises communautaires, pouvez-vous nous parler de votre expérience entrepreneuriale?

Sylvie Légère : J’aime le lien que vous établissez entre la créativité et l’esprit d’entreprise, car, à mon sens, l’entrepreneuriat est la manifestation ultime de la créativité. L’entrepreneur ou l’entrepreneuse observe le monde qui l’entoure avec attention, toujours à la recherche de solutions, de lacunes à combler.

Comme vous l’avez mentionné, je suis engagée dans de nombreuses entreprises, parfois à titre d’investisseuse providentielle ou encore de gestionnaire active. Avec le temps, j’ai trouvé utile de classer les entreprises en trois types. Peut-être est-ce trop simpliste, mais, pour moi, c’est bénéfique à l’organisation dont je fais partie et à la forme de créativité qui émane de chaque entreprise. Un premier type d’entreprise a pour but de combler un manque. Certaines entreprises ont constaté que nous avions besoin de masques et de désinfectant pour les mains, et elles ont pu transformer de manière créative leur processus opérationnel pour fabriquer ces produits et ainsi combler un manque.

Par ailleurs, vous connaissez sûrement Cameo, cette société qui vous permet d’engager une célébrité pour transmettre un message amusant à des personnes de votre entourage. On vient ainsi combler un besoin après avoir attentivement observé ce que les gens aiment faire et trouvent amusant.

Viennent ensuite les entreprises de solutions, dont l’objectif est donc de résoudre un problème. Par exemple, j’ai investi dans une société appelée RiseKit. Il s’agit d’une plateforme qui met en relation des entreprises et des personnes en difficulté qui ont besoin d’un emploi. Ces dernières peuvent également y trouver les services de soutien dont elles ont besoin pour obtenir et conserver un emploi. Ce type d’entreprise demande aussi beaucoup de créativité, car la solution à un problème n’est pas toujours facile à trouver. Vous devez miser sur vos compétences et rassembler les gens pour créer une solution de toute pièce.

Enfin, on trouve l’entreprise communautaire, créée sciemment dans le but de contribuer au tissu social du voisinage. Nous avons repris une boutique de vélo en faillite de notre quartier et dont nous avons pu maintenir les activités durant une dizaine d’années au sein de notre communauté. De plus, nous investissons dans des restaurants des environs afin de créer un centre-ville dynamique. Voilà donc ces trois types d’entreprises. Et chacune ajoute une valeur fondée sur une grande créativité. Autre aspect à souligner, chaque entrepreneur et entrepreneuse doit faire preuve de créativité en raison des ressources limitées à sa disposition. La créativité naît d’une contrainte et non d’une page blanche. C’est un élément clé. Enfin, j’aimerais ajouter qu’en agissant selon ses valeurs, on favorise grandement la créativité dans l’entrepreneuriat.

Gwen Madiba : J’aimerais également vous entendre sur l’esprit de créativité qui guide votre parcours d’entrepreneuse. Aimeriez-vous nous faire part d’un projet créatif sur lequel vous travaillez actuellement ou avez déjà travaillé et dont vous êtes très fière?

Sylvie Légère : En ce moment, je travaille à la conception d’une plateforme visant à détecter et à former de futurs candidats et candidates à des élections. Il s’agit d’un projet complètement différent qui s’inspire de la manière dont nous formons les personnes dans le sport. L’esprit d’entreprise et la créativité, c’est aussi amalgamer des univers. Je m’affaire donc à élaborer cette plateforme, un système conçu sur le modèle de la formation des athlètes professionnels. Comment ensuite utiliser cette approche? Je travaille sur ce projet en ce moment. J’œuvre également comme investisseuse dans une société en démarrage appelée « Poligage.com ». Il s’agit essentiellement d’un portail donnant accès à une base de données et aux services de spécialistes en matière de politiques publiques.

Ainsi, si vous avez besoin de renseignements sur le commerce des produits laitiers entre le Canada et les États-Unis, mais que vous ne maîtrisez aucunement le sujet, ne savez pas vers qui vous tourner et ne pouvez pas lire l’ensemble des documents gouvernementaux, vous pouvez faire appel à un ou une spécialiste des politiques dans ce domaine, qui pourra vous faire des recommandations et vous éclairer sur les différents aspects réglementaires. J’aime ces entreprises dont la mission est de résoudre des problèmes et qui favorisent l’engagement des personnes et l’expansion du savoir.

Gwen Madiba : Nous avons une question spéciale pour vous aujourd’hui de la part de la diplômée Meg Beretta, directrice de la stratégie numérique au Service numérique de la Nouvelle-Écosse. Meg est diplômée en sciences sociales avec spécialisation en science politique et en communication, et, tout comme vous, elle a participé au régime d’enseignement coopératif de l’Université d’Ottawa. Elle a ensuite obtenu une maîtrise en sciences sociales liées à Internet de l’Université d’Oxford. Meg, merci de vous joindre à nous aujourd’hui depuis Dartmouth!

Meg Beretta : Bonjour Sylvie, bonjour Gwen. Sylvie, je suis ravie de faire votre connaissance. Je trouve que votre travail à The Policy Circle est très inspirant et important. C’est formidable d’avoir assemblé un réseau de plus de 13 000 membres répartis dans 44 États qui se consacrent à l’engagement citoyen et qui sont des leaders dans leurs communautés. Ma question porte donc sur l’importance de la citoyenneté active dans un contexte démocratique. En quoi la pandémie de COVID-19 a-t-elle modifié nos paradigmes de l’engagement citoyen, et comment pouvons-nous tirer parti des changements provoqués par cette pandémie pour amener les gens à s’engager dans la vie citoyenne?

Sylvie Légère : Merci de votre présence, Megan, et merci pour cette question. Je crois tout d’abord que la pandémie nous a fait prendre conscience du pouvoir des personnes que nous élisons et de l’institution qui nous gouverne. Aux États-Unis, la Constitution accorde beaucoup de pouvoir à l’État, ce qui explique pourquoi chacun a mis en œuvre des réponses très différentes à la pandémie. En outre, les États-Unis sont fondés sur un pouvoir local. Ainsi, dans certains États, le pouvoir s’étend même jusqu’au niveau du comté et des districts scolaires, qui sont habilités à instaurer des règles d’engagement dans cette citoyenneté. Il s’agit donc d’un gouvernement décentralisé unique en son genre. À mon avis, la pandémie nous aura révélé le mode de fonctionnement des différents gouvernements dans le monde. Et cela a été le cas chez nous également, nous amenant à prendre conscience du fonctionnement de nos gouvernements et du pouvoir des personnes que nous élisons.

Je crois que cette situation a suscité le désir de la population de véritablement participer à l’élaboration des politiques et de commencer à y prêter attention. La sensibilisation m’apparaît donc comme le premier élément de l’engagement citoyen. Un autre aspect de la participation à la vie citoyenne est certainement l’adoption généralisée de la vidéoconférence en raison de la pandémie. La technologie existe depuis longtemps déjà. Zoom, par exemple… mon équipe « zoomait » avant même la mise au point de ce logiciel. Honnêtement, je n’aurais jamais cru que ma mère serait à l’aise avec Messenger, Zoom ou FaceTime.

La pandémie a poussé tous les gens à plonger dans ce nouveau monde virtuel que nous connaissons aujourd’hui. Elle a également poussé notre gouvernement à être beaucoup plus transparent et à tirer parti de la technologie pour atteindre les citoyens et citoyennes. Aujourd’hui, les assemblées municipales sont diffusées sur Zoom, et leurs enregistrements sont disponibles en ligne. Et il y a beaucoup d’outils, de plateformes, qui permettent à notre gouvernement et aux gens qui nous représentent de sonder la population sur l’élaboration des politiques. Cette redynamisation de la vie et de l’engagement citoyens est en quelque sorte un bon côté de la pandémie. Et je crois que ce n’est que le début. Il en est de même au Canada, n’est-ce pas?

Meg Beretta : Oui, nous voyons de grandes possibilités d’étendre l’engagement citoyen à différentes communautés qui... Dans un milieu rural comme la Nouvelle-Écosse, nous constatons de nombreux problèmes liés à la connectivité numérique. Cependant, en région, le milieu social et communautaire est souvent tissé plus serré à bien des égards. Je crois donc que nous avons l’occasion ici, avec une plus grande couverture numérique, de permettre aux gens de se connecter comme ils ne l’ont jamais fait en dehors de leur communauté en Nouvelle-Écosse. Mais nous avons également la volonté et un grand besoin de relier numériquement les personnes qui n’ont pas encore eu l’occasion d’être connectées durant la pandémie. Selon moi, la prochaine étape pour de nombreux gouvernements à l’échelle du pays, particulièrement ceux qui représentent de grandes populations rurales, sera de concentrer les politiques et l’engagement sur ces derniers kilomètres de connectivité Internet et d’en tirer parti au cours des prochaines années afin que tout le monde puisse bénéficier équitablement des retombées d’un plus grand engagement citoyen.

Sylvie Légère : Je suis tout à fait d’accord avec vous, la pandémie a mis en lumière le fait que de nombreuses collectivités dans chaque État au pays n’ont pas accès à Internet. Nous avions tenu cette connectivité pour acquise et ignoré le problème. La situation est devenue criante, il nous faut la résoudre Vous avez vraiment bien fait de le mentionner, Meg.

Gwen Madiba : Merci, Sylvie, d’avoir répondu à la question de Meg.

Comme la présente saison porte également sur le pouvoir d’inspiration, j’aimerais me pencher sur un domaine qui est une source d’inspiration pour beaucoup d’entre nous, à savoir le sport. Notre communauté de l’Université d’Ottawa est inspirée par nos formidables Gee-Gees, ces étudiantes et étudiants athlètes qui sont de véritables leaders sur le campus, représentant notre établissement et atteignant des degrés élevés de réussite aussi bien dans leur sport que dans leurs études et dans la collectivité. Et Chicago nous vient aussi à l’esprit comme une ville de sport, avec l’emblématique Wrigley Field qui rassemble les gens. En tant que membre de la grande famille Rickett, propriétaire des Cubs, pourriez-vous me parler de votre travail au sein de l’équipe? Comment a-t-il renforcé vos liens avec Chicago?

Sylvie Légère : Eh bien, merci. J’étais une fan de hockey à mon arrivée aux États-Unis, mon équipe favorite est les Canadiens, et maintenant, je dois dire que les Black Hawkes. Je suis véritablement tombée sous le charme du baseball et de son pouvoir rassembleur.

C’est ce qui est génial dans ce sport et dans mon association avec les Cubs. Faire partie d’une équipe du baseball majeur comporte également de nombreux aspects, et je trouve ça très intéressant. L’important, c’est l’équipe, la victoire. J’y étais en 2016, lorsque les Cubs ont remporté la Série mondiale. J’ai assisté à tous les matchs et pris part au défilé. C’était fantastique de voir autant de joie dans la ville et à quel point ce triomphe a rassemblé les gens. Et les fans des Cubs sont vraiment passionnés. Le baseball rapproche les gens, et c’est tellement beau de voir les liens étroits que tissent les grands-parents avec leurs petits-enfants au cours d’un match. Des mariages sont célébrés lors des matchs, des gens se fiancent…

Le Wrigley Field est une bulle de bonheur. Le temps s’arrête, les soucis disparaissent pendant neuf manches. J’adore le rythme du jeu, qui nous permet d’apprécier le temps passé avec les personnes qui nous accompagnent, la foule tout autour de nous, le vendeur de hot-dogs… C’est un endroit bien spécial, et je m’estime privilégiée de pouvoir toucher la vie des gens de cette façon.

Et ce que je ne savais pas non plus, c’est que les équipes de baseball font partie intégrante des communautés où elles jouent et s’entraînent. Ainsi, les Cubs ont une académie en République dominicaine, en plus d’un stade, un vrai stade de baseball et un centre d’entraînement à Mesa, en Arizona, dans la région de Phoenix, où on rencontre beaucoup de Canadiens de l’Ouest. Et puis il y a Wrigleyville, où est situé notre stade principal, le Wrigley Field.

Dans la foulée de la Série mondiale, nous avons contribué à dynamiser la zone autour du Wrigley Field. On y trouve maintenant un hôtel, un restaurant ainsi qu’une esplanade où nous organisons des concerts, des soirées cinéma ainsi que des séances de yoga et de course à pied les jours où il n’y a pas de match. C’est un véritable stade de jeu, et l’équipe appartient à la communauté dans laquelle elle évolue. Et ce n’est pas seulement local, c’est mondial!

L’une des principales valeurs de l’organisation des Cubs, c’est d’être un bon voisin, et ça me plaît beaucoup. Nous apprécions et respectons le quartier où nous nous trouvons, et nous avons également tissé des liens avec 77 secteurs de Chicago. Je suis membre du conseil d’administration de Cubs Charity, dont la mission est d’utiliser le pouvoir du sport pour permettre aux enfants, aux familles et aux communautés de réaliser leur potentiel. Par exemple, nous restaurons des stades de baseball et avons mis sur pied un programme de bourses d’études. Nous assurons également l’encadrement et le développement de petites ligues.

Il s’agit donc de miser sur le sport pour engendrer des retombées positives dans la vie des gens, voire pour changer des vies. C’est un honneur de faire partie de l’organisation des Cubs et de rencontrer des fans provenant des quatre coins de ce merveilleux pays. Je vis toute une aventure, et, originaire de Gatineau, jamais je n’aurais pu imaginer devenir une fan de baseball et encore moins élire domicile au Wrigley Field.

Gwen Madiba : Quelle histoire fabuleuse! Et pour continuer sur le thème de l’inspiration, j’aimerais conclure notre conversation avec une question que nous poserons à toutes les personnes avec qui nous discuterons cette saison. Qui vous inspire le plus en ce moment, et pourquoi? Il peut s’agir d’une personne très proche de vous ou que vous n’avez encore jamais rencontrée, mais qui vous inspire.

Sylvie Légère : J’aime bien que vous ayez précisé « en ce moment », car les sources d’inspiration varient au fil des saisons de la vie et des situations dans lesquelles on se trouve. Je dois dire que ma cousine Nathalie Sabourin, qui a fondé l’entreprise Coleadershipgroup.com, dont je vous ai parlé plus tôt, m’inspire à deux égards.

 Tout d’abord, la pandémie a été une période très difficile. J’étais bloquée à l’extérieur du Canada. Je n’étais pas autorisée à traverser la frontière pour voir ma famille et mes parents, et mon frère ne pouvait non plus quitter Montréal pour rendre visite à mes parents à Ottawa. Et l’éloignement n’est vraiment pas facile à vivre à titre d’expatriée. Cela dit, ma cousine a fait preuve d’une créativité extraordinaire pour garder la famille en contact.

Sur le plan professionnel, je crois que, comme je l’ai mentionné précédemment, l’efficacité de l’équipe et le fait de rassembler les gens, d’aider les leaders à amener le monde qui les entoure à s’élever et de permettre aux autres de réaliser leur potentiel est très important pour moi en ce moment, surtout dans le contexte actuel.

Or, Nathalie a ce don unique de voir non seulement la valeur d’une personne, mais aussi comment tout le monde peut se compléter pour être créatif et atteindre l’excellence. Le monde présente de grands défis. Nous vivons dans des environnements hybrides : physique et virtuel. Et il nous faut disposer des outils nécessaires pour travailler ensemble de manière efficace. Voilà où j’en suis, et les efforts déployés par Nathalie m’ont vraiment inspirée au cours du dernier trimestre en vue d’améliorer mon mode de fonctionnement auprès des équipes avec lesquelles je collabore. Et je m’aperçois qu’un autre bon moyen de bonifier son existence, c’est de faire passer l’équipe avant tout afin de la rendre plus forte! Voilà.

Gwen Madiba : Merci de vos réflexions, Sylvie. Je comprends tout à fait les répercussions sur la famille ainsi que l’importance de rester ensemble et de trouver des moyens novateurs de garder le contact, surtout durant la pandémie. Mes cousins et cousines, mes sœurs et ma famille ont été de véritables piliers tout au long de cette période difficile, et je suis heureuse qu’il en ait été de même pour beaucoup d’autres, y compris vous-même.

C’était un privilège de vous entendre et d’apprendre de votre expérience. Et je suis persuadée que bien d’autres personnes à l’écoute aimeraient en savoir davantage sur vous. Sylvie, pourriez-vous dire à notre auditoire où on peut vous trouver en ligne?

Sylvie Légère : Oui, on peut me trouver ligne. Tout d’abord, je vous invite à écouter mon balado Trust Your Voice et à vous y abonner. On me trouvera également sur Instagram, à Sylvie Légère et, bien sûr, sur LinkedIn. Outre mon profil LinkedIn, je publie régulièrement des articles cette plateforme. J’ai été ravie de me joindre à vous.

Gwen Madiba : Excellent! On peut vous suivre de nombreuses façons, et je compte bien devenir une adepte de votre œuvre. Merci énormément de nous avoir accordé cet entretien, Sylvie.

Sylvie Légère : Merci, merci beaucoup, Gwen, le plaisir était pour moi. Et merci de réaliser cette série de balados, qui est un excellent moyen de promouvoir l’Université d’Ottawa.

Gwen Madiba : uOCourant est produit par l’équipe des Relations avec les diplômés de l’Université d’Ottawa. Rhea Laube est à la réalisation, et Idris Lawal, diplômé de l’Université, signe la trame sonore. Cet épisode a été enregistré avec le soutien de Pop Up Podcasting à Ottawa, en Ontario. Nous rendons hommage au peuple algonquin, gardien traditionnel de cette terre. Nous reconnaissons le lien sacré de longue date l’unissant à ce territoire qui demeure non cédé. Pour obtenir la transcription de cet épisode en anglais et en français, ou pour en savoir plus sur uOCourant, consultez la description du présent épisode.