Transcription Balado uOCourant

Saison 4, Épisode 4

Gwen Madiba : Bienvenue à uOCourant, un balado informatif, inspirant et divertissant de l’Université d’Ottawa! Bonjour, je suis Gwen Madiba, animatrice de l’émission et fière détentrice de deux diplômes de la Faculté des sciences sociales. Je suis aussi présidente de la fondation Equal Chance, un organisme sans but lucratif qui valorise les femmes et les communautés noires partout au pays.

 Le but d’uOCourant est de vous faire connaître des chercheurs, chercheuses et diplômés à l’avant-garde de leur domaine. Et d’avoir avec eux des discussions stimulantes sur les sujets du moment.

Bienvenue à cette quatrième saison d’uOCourant, placée sous le thème de la créativité et de l’inspiration. Nous allons nous entretenir avec des diplômés de l’Université qui mènent aujourd’hui une brillante carrière dans leur domaine – notamment le droit, les affaires, le génie et les arts. Ces figures influentes viendront de Montréal, de Chicago, de New York et d’ailleurs pour nous parler de l’importance de l’inspiration et de la créativité dans leur vie.

Notre invitée d’aujourd’hui est Mina Lux, diplômée de la Faculté de génie de l’Université d’Ottawa, et entrepreneure spécialisée en marketing, affaires et produits. Mina combine l’analyse approfondie de données aux connaissances sur le comportement humain pour créer des stratégies et des solutions innovantes et efficaces. Elle a occupé de hauts postes en marketing Web et comme dirigeante, notamment celui de directrice et vice-présidente des activités en ligne à Scientific American, où elle a fait prospérer cette branche de l’entreprise en moins de deux ans.

Mina est aussi cofondatrice de deux entreprises en technologie. La première, FloNetwork, était un fournisseur primé de services de courriel. Deloitte l’a aussi classée parmi sa liste des 100 entreprises à plus forte croissance au Canada. Elle a ensuite été acquise par DoubleClick pour 80 millions de dollars. La deuxième, Meelo Logic, est une entreprise de technologie d’intelligence artificielle qui aide les services de marketing à comprendre le comportement humain dans le but d’atteindre leur public cible. Elle a été classée parmi les meilleures jeunes pousses du programme Tie50, ce qui a aussi valu à Mina le prix or de l’entrepreneure féminine de l’année aux Stevie Awards.

Les résultats qu’obtient Mina au fil de sa carrière sont le fruit de sa principale expertise dans l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies numériques. Elle est une consultante très sollicitée qui travaille auprès de divers clients dans le domaine médiatique, en divertissement, en technologie et en produits de consommation pour générer des revenus, améliorer la notoriété des marques, faire croître la popularité et l’achalandage sur les sites ainsi qu’assurer l’engagement de la clientèle.

Mina est toujours près de son alma mater : elle siège au conseil régional des diplômés pour la région de New York et participe à la campagne rePENSER l’Université d’Ottawa. La Faculté de génie lui a aussi décerné un prix d’entrepreneure de l’année.

Mina, merci de vous joindre à nous aujourd’hui depuis New York.

Mina Lux : Merci beaucoup de me recevoir, Gwen.

Gwen Madiba : Je veux commencer par une question que nous posons à tous nos invités cette saison-ci sur la créativité et l’inspiration. Qu’est-ce qui stimule votre créativité, et pourriez-vous nous faire part d’un moment de votre vie où une étincelle créative a eu un effet déterminant?

Mina Lux : Mes inspirations naissent surtout dans la résolution de problèmes. Je travaille du matin au soir, et à un certain moment, je me dis que je souhaiterais que quelque chose accomplisse une tâche particulière pour moi. Et quand je me dis ça assez de fois, je mets l’idée sur la planche, je commence à dessiner des idées et à voir comment je peux réaliser mon propre souhait.

FloNetwork est le résultat d’un de ces moments « eureka ». L’idée a vraiment germé parce que nous n’avions pas le million de dollars nécessaire à la commercialisation de notre produit logiciel. En 1995, le courriel était l’application absolue, les gens adoraient recevoir des messages électroniques. Je me suis dit que ce serait bien d’avoir un outil pour envoyer des messages directement au consommateur, qui achèterait le produit directement de nous, la messagerie étant gratuite. Ce serait tellement parfait, et puis « eureka »! J’ai pensé : « Je peux faire ça. On a juste à prendre le gestionnaire de liste, puis à faire ça, et à mettre ces éléments ensemble... ce serait génial. »

Mon entreprise en intelligence artificielle est un autre exemple. Tous les matins, mon équipe d’analyse marketing me remettait un rapport. On examinait le rapport et on établissait ce qui devait être fait pendant la journée. L’opération se répétait tous les jours, car on devait faire la microgestion de la croissance de l’achalandage et des revenus de nos clients pour qu’ils atteignent leurs objectifs à la fin du mois. Ce faisant, je me disais toujours : « Ce serait bien de savoir quoi faire dès que je pose mon café sur le bureau en arrivant le matin. » Un jour, ça m’a frappé : « Bien sûr que c’est faisable. Pourquoi ne pas automatiser ça et ça? » C’était un autre moment « eureka ».

Gwen Madiba : Votre parcours professionnel est vraiment créatif, c’est l’une des raisons pourquoi c’est formidable de vous avoir comme invitée cette saison. Vous êtes sortie de l’Université d’Ottawa avec un baccalauréat en génie chimique magna cum laude et un baccalauréat en biochimie. D’une certaine façon, il semble que votre carrière en marketing numérique s’éloigne de ces domaines. Pourtant, je sais que vous considérez que vos premières expériences en codage et en ingénierie sont le fondement de votre réussite en marketing; une inspirante combinaison des deux domaines.

Pouvez-vous expliquer comment c’est arrivé et comment vos compétences en ingénierie vous aident dans le monde du marketing numérique?

Mina Lux : En ingénierie, j’ai appris que pour optimiser un processus, par exemple une ligne de production de pâtes et papiers, il faut déterminer les facteurs de changements qui donneront les meilleurs résultats, car en fabrication, ce n’est pas pratique d’apporter beaucoup de changements à un processus. Ça coûte cher. Parfois, on risque même de perdre les certifications de production. Il faut faire très attention et se concentrer sur les éléments qui comptent vraiment, puis faire des tests à petite échelle avant d’étendre la solution à toute la production.

En décelant les tendances, en cernant les données importantes et celles qui se démarquent le plus, j’ai été capable d’appliquer l’approche en ingénierie au domaine du marketing, ce qui a transformé notre processus marketing en science. Heureusement pour moi, ma première entreprise a été FloNetwork, une plateforme de courriels, qui m’a permis d’appliquer l’approche en ingénierie dans la création d’un produit à marchandiser. C’était la première fois que je testais ce concept.

Pour moi, ce fut une excellente expérience, car j’ai appris que j’adorais les chiffres. J’adore utiliser ces données pour comprendre ce qui motive les gens. Puis j’utilise les données pour créer des tests visant à mieux comprendre ce que je dois faire différemment pour vendre plus de produits, pour augmenter l’achalandage sur le site. C’est un vieux défi, mais qui se renouvelle tous les jours. C’est un casse-tête sans fin et j’adore ça. Certains spécialistes du marketing préfèrent établir de grandes matrices de test pour leurs campagnes, car en marketing, c’est très facile de faire des changements. On est loin de la ligne de production où il faut remplacer la machinerie et modifier les chaînes de production. De telles restrictions n’existent pas, alors on peut réaliser des changements très rapidement.

J’ai toujours dit qu’il fallait garder ça simple et percutant. C’est ce que je retiens de l’ingénierie, et je continue à croire que les ingénieurs font de meilleurs spécialistes en marketing grâce à leur approche ciblée.

Gwen Madiba : Mina, vous avez parlé du défi qui se renouvelle tous les jours, et de la technologie, la frontière numérique, qui s’étend vite et change rapidement.

Au cours de votre carrière, vous avez souvent été au premier rang des changements. Par exemple, avec FloNetwork, vous avez conçu une technologie courriel première en son genre pour que les entreprises envoient des courriels directs visant la génération de clients et de revenus. Pouvez-vous décrire ce que c’était d’être en avant-plan de l’innovation et nous parler de certains changements vécus dans votre champ d’expertise au cours de votre carrière?

Mina Lux : C’est très plaisant d’être au premier rang de quelque chose de nouveau. On peut conceptualiser avec un petit groupe de brillants leaders du marché et courir ensemble vers la ligne d’arrivée. Avec FloNetwork, j’ai participé à la toute première webdiffusion internationale, l’ancêtre des balados actuels. Ç’a été fait par UDORA, en 1996 je pense. Le sujet était le marketing direct par courriel. J’étais là, à 28 ans, à dire à la planète comment le courriel allait transformer notre façon de faire des affaires.

C’était drôle, car toute ma compagnie s’est réunie autour d’un ordinateur pour écouter la webdiffusion, comme les gens le faisaient dans l’ancien temps autour de la radio. Aussi, j’ai été très chanceuse d’être invitée à me joindre à des spécialistes du domaine pour définir des politiques de protection du consommateur relativement au marketing direct. Dans cet élan d’émergence de technologies, j’ai participé aux changements en même temps qu’ils avaient lieu. C’était palpitant!

En IA, j’ai eu la chance de travailler avec Beyond Limits. Une compagnie issue directement des laboratoires Jet Propolusion de la NASA, l’équipe qui a conçu toute l’IA pour le rover martien. Nous étions le moteur pour les aider dans leurs projets, pour interpréter les réactions humaines, pour articuler le contenu. Leur principal moteur se nomme Sherlock, et notre autre partenaire majeur était Watson d’IBM. Pour un moment, nous avions un duo Sherlock et Watson dans l’équipe et c’était bien drôle.

Nous étions capables de traiter des dizaines de millions d’items de contenu par seconde pour analyser les réactions humaines et d’utiliser ces données pour déterminer non seulement qui se passait, mais aussi les causes des réactions. Tout cela visait à prédire les comportements et recommander des mesures de suivi pour des sujets comme le suicide, la sécurité au travail, les tendances à venir et les approches les plus fréquentes pour X, Y et Z.

C’est extraordinaire de travailler avec des gens brillants qui se dépassent tous les jours pour rendre les connaissances plus accessibles à vous et moi et pour améliorer la façon dont les informations sont transmises à la collectivité. C’est ma raison de vivre au quotidien.

Gwen Madiba : Tout à fait. Toujours sur le sujet du changement, qu’est-ce qui vous motive à rester à l’avant-garde de l’industrie, à continuer d’apprendre, à vous adapter et à penser à des solutions créatives pour relever les nouveaux défis?

Mina Lux : J’ai trois sources de motivation. Premièrement, je dois aimer ce que je fais. Il me faut cette passion pour retarder mon heure de coucher ou avoir hâte de me réveiller le matin pour travailler sur mes tâches du moment. Deuxièmement, j’adore les jouets flambant neufs qui facilitent la vie des gens, et troisièmement, j’aime comprendre le comportement humain et comment les gens évoluent constamment. On change tout le temps. Le comportement humain entraîne continuellement de nouvelles questions auxquelles il faut répondre.

Ce qui fonctionnait en marketing la semaine dernière ou le mois dernier pourrait être différent cette semaine. Je me heurte régulièrement à des problèmes que je dois régler. Donc, je lis des articles et des rapports de recherche pour voir ce qui existe et savoir quoi faire. Grâce à mon expérience en codage acquise en ingénierie et en entreprise, j’ai une bonne idée de ce qui est réalisable et de ce qui est tellement nouveau et moderne que je dois le noter et y revenir plus tard.

Je conserve des dossiers dans le nuage, une tonne d’entre eux contiennent des idées que je revisite de temps à autre et que j’enrichis. Quand un client m’arrive avec un problème qu’une de ces idées pourrait résoudre, le plaisir commence. Je ressors toute la documentation de mes dossiers et on commence à élaborer une solution.

En ce moment, je suis en train de concevoir une plateforme de renseignements pour le fonds littéraire International Literary Properties, basé ici à New York. C’est du jamais vu dans le monde littéraire. L’organisme acquiert des droits d’auteur pour réaliser quelque chose qui ressemble beaucoup aux catalogues dans l’industrie de la musique. Je ne sais pas si vous connaissez ça, mais vous avez sûrement entendu parler du catalogue de Bruce Springsteen qui a été vendu à Sony pour plus d’un demi-milliard de dollars. David Bowie a aussi vendu son catalogue.

C’est comme quand les droits d’un groupe d’œuvres, même de spectacles ou n’importe quoi d’autre, sont achetés par une personne qui les faits prospérer au fil du temps et conserve leur pertinence dans l’histoire au fur et à mesure que la culture se déploie dans le temps. Nous construisons une plateforme de renseignements qui aidera l’organisme à cibler ses acquisitions partout dans le monde selon l’évolution des tendances.

De plus, la plateforme servira à considérer les progressions et les acquisitions pour prédire, gérer et optimiser le rendement du capital investi et pour comprendre comment mieux atteindre les objectifs pour les auteurs et leur patrimoine. C’est un énorme projet, très complexe, mais très intéressant.

Gwen Madiba : C’est excitant, car on dirait qu’il y a toujours quelque chose de nouveau sur quoi travailler.

Mina, pour une grande partie de votre carrière, vous avez vécu à New York, la ville qui ne dort jamais. De bien des façons, ce choix semble bien convenir à une personne aussi motivée et ambitieuse que vous. Selon vous, qu’est-ce que le fait de vivre aux États-Unis a changé dans votre parcours?

Mina Lux : Je crois que le Canada et les États-Unis ont des avantages différents. J’ai lancé ma première entreprise au Canada, et je dois dire que le gouvernement canadien nous offrait de formidables programmes dans ce temps-là, pour soutenir les petites entreprises. Nous avons fait des demandes et reçu beaucoup d’aide gouvernementale; la plupart de ces programmes n’existent pas du côté américain. Par contre, aux États-Unis, il y a une excellente communauté des services de consultation ayant beaucoup de pouvoir d’investissement. Une fois qu’elles ont investi chez vous, certaines entreprises posent des gestes concrets pour vous aider à croître plus rapidement ou mobilisent même d’autres investisseurs stratégiques.

Pour le côté carrière, les États-Unis sont un excellent pays où évoluer. J’ai été en mesure de suivre les vagues de changements technologiques et de travailler avec des entreprises qui acceptent une personne qui a fait ses preuves, mais qui n’a pas nécessairement de diplôme dans le domaine. Dans certains pays, les possibilités sont limitées, car le respect ne vient pas sans le diplôme; les États-Unis sont plus ouverts en ce sens. Mon premier emploi aux États-Unis était auprès de USATODAY.com. Ma patronne a pris un risque quand elle m’a embauché pour diriger son marketing numérique, mais ensemble nous avons hissé USATODAY.com au rang du plus grand site Web d’actualité numérique en moins de quatre mois, sans dépenser un sou en publicité.

J’ai été très chanceuse de poursuivre dans cette voie et de travailler avec un bon nombre de marques dans diverses industries. La revue Scientific American... et des marques comme CNN, Adult Swim, Cartoon Network, True TV. Elles ont aussi pris de gros risques avec moi, car quand elles m’ont demandé de me joindre à leur équipe, j’avais peu d’expérience dans le domaine de la télévision.

Je m’y connaissais en publication de livres, revues et journaux papier, mais c’était de l’imprimé; elles ont quand même tenté leur chance et ça a très bien fonctionné. J’ai aussi été très chanceuse de travailler avec des marques de produits électroniques comme Samsung et Lenovo, et plus tôt cette année, j’ai réalisé un projet avec HP.

Un de mes projets actuels est pour une jeune pousse très intéressante appelée TwoDays. TwoDays.com ressemble au site Rate My Professors, mais pour le sport universitaire.

Les athlètes y notent leurs entraîneuses et entraîneurs, le personnel, l’établissement et les visites de campus afin d’aider les recrues à prendre de meilleures décisions. Celles et ceux qui sont déjà dans le réseau et souhaitent un transfert peuvent choisir une meilleure école. Les élèves du secondaire qui veulent pratiquer un sport au niveau universitaire plus tard peuvent aussi prendre de meilleures décisions.

Ce type de transparence n’a jamais été accessible aux athlètes avant. Je parle de TwoDays parce que je n’y connais presque rien en sport, mais l’équipe vit bien avec ça. Elle sait que je comprends l’essence de ses activités et que je peux user de mes connaissances pour créer un produit à partir de ses données pour réaliser sa vision. Les entreprises américaines ont tendance à essayer de sortir des sentiers battus, de voir plus loin que la stratégie d’entreprise et de considérer les ressources humaines. J’apprécie cela. Je crois que le Canada avance dans ce sens aussi.

Gwen Madiba : Nous avons une question de la part d’une diplômée pour vous Mina. Aleeza Ladhani nous vient aussi de la Faculté de génie. Elle a obtenu son diplôme au printemps 2020, un baccalauréat ès sciences appliquées en génie logiciel. Elle était une athlète en athlétisme pour les Gee-Gees, et travaille actuellement en tant qu’analyste en technologie pour Accenture. De plus, Aleeza est entrepreneure, cofondatrice et PDG de Choloket, une chocolaterie artisanale proposant des saveurs originales comme chai masala et rose. Aleeza, merci de vous joindre à nous depuis Toronto!

Aleeza Ladhani : Merci pour la présentation et merci beaucoup de me recevoir, Gwen.

Bonjour Mina, c’est un grand plaisir de vous rencontrer. D’abord, félicitations pour vos nombreux prix et distinctions en entrepreneuriat comme le prix d’entrepreneure féminine de l’année des Stevie Awards. C’est vraiment inspirant. J’aspire aussi à être entrepreneure.

Quand vous avez parlé de vos recherches en génie et du marketing numérique, vous avez mentionné que ces champs d’expertise avaient deux choses en commun. La première étant la capacité de déceler une tendance et la deuxième étant de savoir distinguer les données importantes de celles qui ne le sont pas. Selon vous, quel est le dénominateur commun ou la tendance derrière les succès que vous avez eus, et quel conseil donneriez-vous à une future entrepreneure comme moi pour être capable de déchiffrer les éléments issus de données et de déterminer quelles données comptent et favoriseront la réussite?

Mina Lux : Bon, c’est une grosse question. Aleeza, avant de répondre, je veux dire que j’ai eu le plaisir de goûter à vos chocolats. Ils sont délicieux.

Aleeza Ladhani : Merci. Merci infiniment.

Mina Lux​​​​​​​ : Oh, c’est un plaisir. Bon travail! Commençons par le dénominateur commun. Je constate qu’il est de plus en plus compliqué de conserver une approche pragmatique. Chaque année, il y a de nouveaux canaux directs pour joindre les consommatrices et consommateurs. Premièrement Facebook, puis Instagram, Snapchat et, plus récemment, TikTok. Il y a plus d’éléments changeants aujourd’hui qu’il y en avait juste l’année passée.

Il y a 30 ans, les entreprises s’adressaient à un intermédiaire ou à une agence pour gérer les canaux de distribution ou les messages. À l’ère numérique, beaucoup de la capacité relative aux données est gérée à l’interne, et les entreprises sont plus actives sur tous les fronts. Elles doivent gérer le changement, et c’est de plus en plus complexe pour leurs équipes. Il est donc parfois difficile de rester centré. Les marques sentent que si elles ne bougent pas, elles passeront à côté, mais il est parfois très difficile d’adopter fermement une approche pragmatique.

Parfois, j’entends les gens dire : « Un tel s’est converti aux jetons non fongibles. Est-ce qu’on devrait aussi? Et que dire de Roblox? Qu’est-ce qu’on fait là? » Je vois des marques qui s’étirent trop loin parfois, alors je reviens toujours à l’approche pragmatique pour réussir. C’est acceptable de ne pas être partout si vous êtes capable d’être très bon dans ce qui est important en ce moment.

Pour décider quels sont les chiffres qui comptent, je conseillerais de reculer à partir du problème. Quel est l’obstacle qui vous empêche d’atteindre vos objectifs ou de grandir? Une fois que vous avez déterminé cela, dressez une liste des éléments qui contribuent à former cet obstacle. Choisissez ensuite les éléments pour lesquels vous avez les ressources pour régler le problème et qui donneront les meilleurs résultats. Commencez de cette façon, par ce que vous pouvez faire aujourd’hui, plutôt que par ce que vous souhaitez faire. Ensuite, déterminez les indicateurs de rendement clés. Les IRC aident à mesurer les progrès. Ce sont ces chiffres qui comptent le plus en ce moment, car il s’agit de cibles possibles à atteindre actuellement. Tout ce qu’il n’est pas possible de réaliser maintenant doit être mis de côté pour l’instant.

Une fois que des progrès ont été accomplis dans cette liste d’éléments, vous faites ce que l’on appelle une « boucle de rétroaction » en génie. Vous retournez à votre liste de causes de l’obstacle pour y choisir la prochaine chose à améliorer. Et vous refaites cette boucle jusqu’à ce que le tout soit satisfaisant. Voici un excellent conseil que m’a donné un bon ami à moi, Paul Gupta, il y a bien longtemps : il m’a dit que quand les gens disent « Par expérience, j’ai appris... », ils veulent vraiment dire qu’ils ont appris par leurs échecs. Il m’a dit : « N’aie pas peur et ne te laisse pas abattre par tes échecs, car c’est là que tu commences à apprendre. »

À toutes les entrepreneures et tous les entrepreneurs qui nous écoutent, y compris toi, Aleeza : prenez des risques calculés, n’ayez pas peur de l’échec, car sans échec, il n’y a pas d’apprentissage.

Aleeza Ladhani : Ça aide beaucoup. Merci énormément pour ce conseil et merci d’avoir pris le temps de me parler.

Gwen Madiba : Merci d’avoir posé cette question, Aleeza, et merci pour votre réponse, Mina.

Mina Lux : Avec plaisir.

Gwen Madiba : Avant la fin de notre entretien, j’aimerais connaître votre opinion sur l’avenir du marketing. Quand vous regardez ce qui s’en vient, quelles tendances marketing vous fascinent en tant qu’entrepreneure?

Mina Lux : Les tendances sur lesquelles je me concentre cette année concernent les messages personnalisés, les résultats tactiques et l’accès direct aux consommatrices et consommateurs. Je crois qu’à l’avenir, les marques devront avoir une image de marque cohérente qui se personnalise de différentes manières selon chaque canal spécifique ciblant directement les consommatrices et consommateurs. À partir de là, les marques peuvent avancer de façon tactique selon ce qui fonctionne dans chaque canal et en arriver à une formule. Ça fait beaucoup de choses auxquelles penser et c’est assez complexe; ce n’est pas facile de dire la même chose de façons différentes.

Il est nécessaire de travailler de cette manière, car ce qui fonctionne sur TikTok ne fonctionnera probablement pas sur Facebook ou Instagram, et ce qui se trouve dans les publicités devra être exprimé différemment dans les réseaux sociaux. Comment reprendre une annonce à grande valeur de production et l’intégrer à un contenu social qui génère une moins grande valeur de production? Pour compliquer les choses, il faut comprendre comment exister dans le métavers. Ce ne sont pas toutes les marques qui peuvent bien se positionner dans le métavers; l’industrie de la musique a de l’avance avec des canaux comme Roblox. Nous observons et nous apprenons tout en espérant un jour faire partie de cela.

De prendre toutes ces données et puis d’optimiser vos tactiques pour attirer l’attention des consommatrices et consommateurs pour atteindre vos objectifs, on parle de données, par-dessus données, par-dessus données. J’ai effectué un bon nombre d’analyses de marque pour en arriver à une matrice de personnalisation et faire un suivi des résultats tactiques. L’analyse de marque est un énorme exercice que l’on fait avec les membres d’une équipe qui répondent à des questions comme « Quels problèmes réglez-vous? ». Ensuite, à partir de l’offre de la marque, on demande qui est le public cible. Que cherche le public cible? On jumelle ensuite ces renseignements au message de la marque.

Puis, on prend tout ce qu’elle fait et dit dans les divers canaux : médias sociaux, services commerciaux, articles, publicités, par exemple en ventes. Alors on arrive à une matrice. Elle grossit, grossit et devient plutôt imposante, donc nous cherchons des façons de simplifier toutes ces données pour que notre clientèle aboutisse à quelque chose sur quoi se concentrer. C’est une bête vivante qui me garde éveillée la nuit.

Gwen Madiba : Impressionnant! Une dernière question que nous avons posée à tous nos invités cette saison : qui vous inspire le plus en ce moment, et pourquoi? Il peut s’agir d’une personne très proche de vous ou que vous n’avez encore jamais rencontrée, mais qui vous inspire.

Mina Lux : Cette semaine, ce serait Adam Sandler dans le film Le haut du panier. Avez-vous vu ce film sur Netflix?

Gwen Madiba : Pas encore.

Mina Lux : Je ne dévoilerai pas trop l’histoire. Il joue le personnage de Stanley Sugarman. Sugarman a un rêve, mais il rencontre obstacle après obstacle; pourtant, il n’abandonne pas. Il n’a pas peur de prendre de grands risques et il n’hésite pas à demander de l’aide. Sugarman utilise les réseaux sociaux pour régler un de ses problèmes, et le résultat est phénoménal. Pour moi, le film est un rappel que le succès est réellement 98 % d’effort et 2 % de talent. C’est très inspirant. Vous devriez le regarder. J’ai adoré.

Gwen Madiba : Je vais assurément le regarder. Juste de vous écouter en parler et du fait que la réussite est une question d’effort à 98 % et de talent à 2 %, je suis certaine que ça motivera beaucoup de gens, parce que parfois, on pense qu’il faut du talent pour accomplir certaines choses dans la vie. Mina, merci énormément de nous avoir accordé cet entretien.

Mina Lux : Merci beaucoup de m’avoir reçue. J’ai vraiment apprécié notre conversation.

Gwen Madiba : uOCourant est produit par l’équipe des Relations avec les diplômés de l’Université d’Ottawa. Rhea Laube est à la réalisation, et Idris Lawal, diplômé de l’Université, signe la trame sonore. Cet épisode a été enregistré avec le soutien de Pop Up Podcasting à Ottawa, en Ontario. Nous rendons hommage au peuple algonquin, gardien traditionnel de cette terre. Nous reconnaissons le lien sacré de longue date l’unissant à ce territoire, qui demeure non cédé. Pour obtenir la transcription de cet épisode en anglais et en français, ou pour en savoir plus sur uOCourant, consultez la description du présent épisode.