Une université plus interconnectée : une étudiante fonde une entreprise de technologie pour combattre l’isolement social des personnes âgées

TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ET INNOVATION
Namrata Bargaria
Au début des grands confinements, Namrata Bagaria, comme à peu près tout le monde, passait le plus clair de son temps sur Zoom. La différence tenait à la nature de ses appels : elle s’entretenait avec de nouvelles connaissances d’Ottawa et de Toronto, des personnes âgées qui s’exerçaient avec elle en regardant YouTube ou qui sirotaient un café en bavardant.

Namrata Bagaria est cofondatrice et directrice générale de Seniors Junction, une entreprise sociale qui mise sur la technologie pour briser l’isolement des personnes âgées et leur offrant des contacts réguliers, du bon temps et des occasions de réflexion.

« Seniors Junction est le fruit de ma passion et de ma vocation », explique la candidate au doctorat de l’Université d’Ottawa. « J’ai à cœur de mettre le numérique au service du social, et j’ai découvert à quel point il est enrichissant de travailler avec les personnes du troisième âge. »

En organisant quotidiennement des activités sur Zoom, la doctorante et Seniors Junction offrent une sorte de refuge pour les personnes âgées qui se sentent seules, isolées et qui s’ennuient, surtout en contexte de pandémie. Moyennant des frais mensuels minimes, celles-ci peuvent se joindre à un éventail d’activités, y compris des conférences, des clubs de lecture et des récitals de poésie.

« Ce que j’observe, ce sont des gens qui nouent de nouvelles amitiés, se découvrent de nouveaux loisirs, se sentent davantage comblés. Ça m’incite à multiplier mes démarches en vue d’aider chacun et chacune à trouver des ressources sur mesure pour surmonter ce qui nuit à sa santé mentale. »

Si Namrata Bagaria n’avait pas prévu fonder une telle entreprise en pleine pandémie mondiale, celle-ci n’en demeure pas moins un prolongement logique de ses recherches à l’Université d’Ottawa.

S’identifiant comme chercheuse en technologies gérontologiques, ou « AgeTech », elle est l’une des premières doctorantes inscrites au programme d’innovation et transformation numérique (site en anglais) offert conjointement par l’École de gestion Telfer, la Faculté des arts et la Faculté de génie.

Son projet d’étude s’intéresse à l’évolution des technologies dans le domaine de la santé au fil des 10 à 20 prochaines années, un exercice qui exige de se projeter dans l’avenir. Pour créer Seniors Junction et aider son prochain ici et maintenant, elle a toutefois dû faire appel à des technologies déjà en usage.

« Pendant mes études en médecine, j’ai beaucoup appris au chevet des patients. C’est pourquoi mon approche de recherche est très axée sur la pratique, explique-t-elle. Les applications que je crée n’ont de valeur que lorsque j’en fais l’essai auprès des personnes pour qui elles sont conçues. Mes recherches doctorales sont une démarche d’apprentissage, tout comme mes activités auprès de Seniors Junction. »

Ces apprentissages ont toute leur raison d’être. Quand la pandémie a frappé, la doctorante s’est retrouvée au beau milieu des transformations numériques qu’elle étudiait. Heureusement, son bagage l’avait parfaitement préparée à s’adapter et à venir en aide aux autres en temps de crise.

« La santé publique et la santé numérique sont au cœur de cette pandémie, et ce sont deux sphères dans lesquelles j’ai de l’expérience. J’ai compris qu’il me fallait passer à l’action. »

Titulaire d’une maîtrise en santé publique de l’Université Harvard, Namrata Bagaria a fondé une entreprise de télémédecine en 2012, sans jamais rompre avec l’entrepreneuriat depuis. Celle qui a immigré de l’Inde vers le Canada en 2017 ne s’attendait pas à y rencontrer un professeur de l’Université d’Ottawa qui la guiderait vers le programme de transformation numérique. Aujourd’hui, elle participe aussi activement à l’Institut de recherche LIFE de l’Université d’Ottawa et à CREATE-BEST (site en anglais), un programme offert en partenariat avec le gouvernement du Canada pour inciter les étudiantes et étudiants en génie à créer des solutions mobiles pour le secteur de la santé.

L’initiative Seniors Junction est la plus récente à s’ajouter à sa feuille de route. Aidée d’une petite équipe qu’elle a elle-même formée, l’étudiante voit la première année de l’initiative comme un laboratoire vivant, une occasion de mieux comprendre les goûts et les besoins des personnes âgées. Compte tenu de l’incertitude qui caractérise cette période de pandémie, ses projections pour le futur de son entreprise se limitent à quelques mois. Elle profite toutefois de cette période pour peaufiner son offre et expérimenter de nouvelles idées auprès d’un petit groupe de personnes âgées, qui ont d’ailleurs commencé à inviter leurs relations.

« Même quand le quotidien reprendra pleinement, les problèmes de mobilité et l’isolement social, que ce soit pour des raisons économiques ou autres, demeureront une réalité chez bon nombre de personnes âgées. Il y aura donc encore, au-delà de la pandémie, un marché pour ces solutions technologiques », fait-elle remarquer.

D’ici là, elle partagera son temps entre ses rencontres sur Zoom et ses recherches à l’Université d’Ottawa pour créer des solutions d’avenir en santé.

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