Une philanthropie visionnaire permet à de jeunes scientifiques d’expliquer le lien entre le régime alimentaire, la nutrition, la santé intestinale et la santé mentale

École des sciences de la nutrition
Fruits et légumes avec une bouteille d'eau sur un fond vert
Crédit photo : Vitalii Pavlyshynets
À priori, l’adage « nous sommes ce que nous mangeons » ne s’applique qu’au bien-être physique. Or, aujourd’hui, il prend un nouveau sens à l’Université d’Ottawa, alors que nous approfondissons les liens entre l’alimentation et la santé psychologique.

Grâce à un généreux don anonyme de 5,8 millions de dollars versé à l’École des sciences de la nutrition en 2017, l’Université d’Ottawa est en train de constituer toute une équipe de jeunes chercheuses et chercheurs qui feront progresser les connaissances sur le rôle de l’alimentation, de la nutrition et du microbiome intestinal dans la dépression, l’anxiété et la maladie mentale.

« Nous cherchons à établir en quoi une alimentation saine peut profiter à la santé mentale », explique Susan Tosh, chercheuse principale et ancienne directrice de l’École des sciences de la nutrition.

L’intestin et son microbiome représentent un écosystème complexe. Certains l’appellent même notre « deuxième cerveau » parce qu’il présente un grand nombre de neurones et de neurotransmetteurs qui communiquent avec notre système nerveux central.

« Nous adoptons une approche axée sur la prévention et l’atteinte du bonheur par des changements alimentaires plutôt que la prise de médicaments », soutient Parviz Sabour, un chercheur en génétique et biologie évolutive, qui collabore avec l’équipe de la professeure Tosh pour déterminer si de nouvelles habitudes alimentaires peuvent réduire l’incidence de la dépression chez les personnes atteintes de diabète de type 2.

Cette recherche est entièrement fondée sur la pluridisciplinarité, ce qui signifie qu’il faut au moins deux chercheuses ou chercheurs d’horizons différents pour faire évoluer rapidement les connaissances fondamentales », affirme Riadh Hammami, professeur agrégé à l’Université.

Le chercheur postdoctoral Ahmed Hammand fait partie de la nouvelle génération de scientifiques travaillant à percer les mystères de l’axe intestin-cerveau et de ses liens avec la nutrition, l’alimentation et la santé mentale.

M. Hammand et ses directeurs, la professeure agrégée à l’École des sciences de la nutrition Krista Power et le Dr Mark Norris, membre du personnel clinique au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, dressent le profil du microbiote des enfants admis à la clinique de traitement des troubles de l’alimentation.

Grâce à un suivi des changements microbiens au cours du processus de réalimentation, on pourrait ajouter à la diète du patient ou de la patiente des aliments riches en prébiotiques ou probiotiques pour accélérer son rétablissement physique et psychologique.

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui profitent à la santé et contribuent à améliorer le fonctionnement du microbiome. Les prébiotiques, quant à eux, sont des aliments ou des compléments qui favorisent la croissance des micro-organismes bénéfiques et la santé du microbiote.

« Ce complément de traitement aiderait beaucoup à améliorer la qualité des soins », ajoute M. Hammand.

L’énorme don anonyme a notamment permis de soutenir les recherches de M. Hammand et de 20 chercheuses et chercheurs à la maîtrise ou poursuivant des études doctorales ou postdoctorales.

Yasmina Ait Chait est également du nombre des scientifiques qui se passionnent pour l’exploration de ces nouvelles frontières. Ses travaux pourraient d’ailleurs entraîner un changement de cap et favoriser l’abandon de la prescription de médicaments au profit d’approches différentes ou complémentaires pour traiter les problèmes de santé mentale.

Dans le cadre de ses études supérieures à la Faculté des sciences de la santé, Mme Ait Chait a passé des semaines à mener des expériences sur une série de réacteurs de grande taille capables de simuler le système digestif humain pour étudier les effets des antidépresseurs et autres psychotropes sur le microbiome intestinal.

« Cette recherche peut nous aider à porter un regard neuf sur les antidépresseurs : il faut considérer non pas seulement leur incidence sur le système nerveux, mais aussi leurs effets secondaires », dit-elle. « Elle est d’une grande importance, surtout pour la santé humaine. Elle pourrait constituer la solution à un problème et même sauver une vie. »

Le don de 5,8 millions de dollars, versé progressivement depuis 2017, aide la professeure Tosh et ses collègues à mettre en place un programme de recherche collaborative. En plus d’assurer le financement de chercheuses et chercheurs de talent, il a permis à l’Université de se procurer de l’équipement de pointe, notamment les réacteurs utilisés par Mme Ait Chait, qui sont essentiels à la réalisation de ses travaux. Grâce à cette technologie et à l’expertise développée au sein de la Faculté des sciences de la santé, l’Université d’Ottawa est aujourd’hui un chef de file dans ce domaine à la fois fort complexe et très prometteur.

« Je suis vraiment reconnaissante de l’incroyable contribution reçue, qui nous permet d’entreprendre cette recherche novatrice et nous ouvre une compréhension neuve des liens entre l’alimentation et la santé mentale », insiste la professeure Tosh.

À l’Université d’Ottawa, nous sommes animés par le désir de modifier le statu quo, de faire avancer les choses et d’incarner le changement.

Nous souhaitons investir dans des projets qui stimuleront des découvertes d’intérêt universel et changeront le cours de l’histoire; c’est là l’une nos grandes priorités. L’une des façons d’atteindre nos objectifs est de trouver de nouveaux moyens d’extraire plus rapidement du laboratoire les connaissances qui auront une incidence sur l’économie et la communauté.

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