Un diplômé apporte son expertise à un projet visuel sur les juges afghanes

Faculté de droit – Section de common law
Faculté de droit – Section de common law
Droits de la personne
Afghan female judges
Photo de femmes juges afghanes reproduite avec l'aimable autorisation de defendlawyers.wordpress.com
Stuart Russell, LL.M. 1990, a été nommé au comité consultatif du nouveau Afghan Women Judges Visual Storytelling Project, un projet visant à diffuser les récits de juges afghanes sur leur vie avant la prise de pouvoir par les talibans et sur les épreuves qu’elles ont traversées depuis.

Dans notre monde où les médias sont rois, il est essentiel d’utiliser des supports visuels pour sensibiliser la population et contribuer à la recherche de solutions.

Les histoires de ces magistrates, qui ont participé à l’établissement d’un État de droit et qui, aujourd’hui, subissent le régime taliban et luttent pour retrouver une vie normale, sont saisissantes.

Stuart Russell

« Il faut raconter à la communauté juridique internationale ce que vivent ces femmes courageuses, parce qu’elles ont besoin de notre aide. »

Stuart Russell, LLM '90

« De nombreux membres de la profession en Afghanistan ont été forcés de vivre dans la clandestinité ou de fuir le pays, et craignent pour leur vie.  Ces personnes vivent dans l’incertitude, dans l’attente d’un visa ou d’une réponse à leur demande d’immigration, dont le délai de traitement, même au Canada, est extrêmement long. Nous avons les preuves que des membres de la magistrature, des juristes, des universitaires et d’autres membres de la profession juridique ont été victimes de meurtre, d’agression physique, d’arrestation arbitraire, de détention illégale, de torture et de menaces de mort. »

Stuart Russell a consacré ses premières années d’exercice à l’aide juridique et à la défense des droits de personnes réfugiées ou qui militent pour l’équité.

Pendant sa maîtrise à l’Université d’Ottawa, il a donné un cours sur le droit des pauvres au programme d’études supérieures en politique et en droit à l’Université Concordia. Après avoir obtenu son grade, il est parti enseigner à la Faculté de droit de l’Université Macquarie, en Australie. De 1997 à 2004, il a également exercé à Sydney la fonction de juge administratif au Tribunal de contrôle des décisions concernant les réfugiés, l’équivalent de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada. 

Les nombreux dossiers d’Afghans et d’Afghanes qu’il a examinés vers la fin de son mandat au Tribunal lui ont beaucoup appris sur ce peuple et ce pays.  « J’étais très ému par leurs demandes, en particulier celle d’une femme âgée qui avait vu son enfant et son mari tués par les talibans et qui mourait d’un cancer », se rappelle-t-il.

protest kabul women rights
Des femmes se sont rassemblées pour réclamer leurs droits sous le régime taliban, lors d'une manifestation à Kaboul, en Afghanistan, le 3 septembre 2021 (photo AP de Wali Sabawoon) ..

Stuart Russell aimait enseigner et faire des activités de recherche à l’Université Macquarie, mais le découragement a fini par le gagner « devant le manque d’intérêt des étudiantes et étudiants à l’égard des aspects interdisciplinaires et sociaux du droit ». Après avoir quitté son poste, en 2003, il a commencé une nouvelle vie à Bordeaux, en France. Pendant dix ans, il s’est tenu un peu à l’écart du droit, préférant enseigner l’anglais et traduire des documents juridiques.

En 2014, Stuart Russell et l’ancien doyen de la Faculté de droit de l’Université Macquarie ont entrepris des recherches sur la persécution des avocates et avocats spécialisés en droit de la personne. Étonnés par l’ampleur du phénomène, ils ont créé le Monitoring Committee on Attacks on Lawyers, un comité de l’International Association of People’s Lawyers (IAPL). Stuart Russell assure aujourd’hui la coprésidence du comité et la rédaction de son blogue. L’Afghanistan est dans la mire du comité depuis huit ans, et plus encore depuis le retour des talibans, en août 2021.

Le travail de Stuart Russell à l’IAPL le tient bien informé des persécutions à l’égard des membres de la profession juridique. Il est ravi de pouvoir mettre son expérience et son expertise au service d’un projet d’une grande importance dans le contexte actuel, et de contribuer aux efforts de sensibilisation : « En Afghanistan, les membres de la magistrature, de la communauté universitaire et les autres membres de la profession juridique, en particulier les femmes, courent un véritable risque de représailles de la part des talibans, dont certains ont été incarcérés par ces juges sous l’ancien régime », soutient-il.