Déconstruire le racisme pour le vaincre

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Par Université d'Ottawa

Cabinet du vice-recteur à la recherche et à l'innovation, CVRRI

Karine Coen-Sanchez
Un an et demi après son entrevue avec la Gazette de l’Université d’Ottawa, Karine Coen-Sanchez, candidate au doctorat en sociologie à l’Université d’Ottawa, continue d’exercer un leadership fort dans la mobilisation contre le racisme systémique dans le milieu universitaire.

L’intérêt de la doctorante pour l’équité, la diversité et l’inclusion (ÉDI) est né de ses expériences en tant qu’étudiante noire. Dans son programme d’études supérieures, elle a observé une profonde déconnexion entre la composition de la population étudiante et ce qui était enseigné. Ses observations ont inspiré le sujet de sa thèse qui porte sur le racisme systémique ancré dans les établissements d’enseignement et ses manifestations dans les expériences des étudiantes, étudiants et membres du personnel et du corps professoral des communautés racisées. Mme Coen-Sanchez s’intéresse à la déconstruction du concept de race et à la manière dont le terme « racisation » focalise l’attention sur la construction et la contestation des identités « raciales » dans les relations de pouvoir.

Elle a pris part à plusieurs activités traitant d’antiracisme, à titre d’invitée ou d’organisatrice incluant des tables rondes sur les acteurs et actrices de la lutte contre le racisme et des panels étudiants. « On en parle de plus en plus, et il est temps de créer des espaces, de passer à l’action », estime la doctorante.

Elle a également aidé à développer un cours à micro-crédit de premier et deuxième cycle à la Faculté des sciences sociales. Ce cours a pour but de « faire entendre les voix des minorités, d’hier à aujourd’hui, en offrant des outils théoriques et pratiques pour interpeller le pouvoir », explique Mme Coen-Sanchez, qui copréside également le Comité consultatif de lutte contre le racisme à l’endroit des personnes noires du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Mme Coen-Sanchez a dégagé quatre principaux obstacles auxquels se heurte le personnel de recherche racisé : le manque de soutien et de ressources; le manque de mentorat au sein des facultés; le manque de recherches empiriques présentant des données en fonction de la race; et le fait que les personnes racisées obtiennent des fonds essentiellement pour des études traitant de questions de race et de racisme.

« Les chercheuses et chercheurs racisés se spécialisent dans diverses disciplines et possèdent des connaissances et de l’expérience poussées dans nombre de domaines, souligne-t-elle. Ils et elles ne sont pas les seules qui doivent transformer le système qui les opprime ». Karine Coen-Sanchez est convaincue que pour vaincre le racisme systémique, chaque personne devra se livrer à une réflexion personnelle afin de définir son rôle et sa place dans le système et de concevoir le racisme non pas comme un concept abstrait, mais comme un ensemble de réactions émotionnelles programmées.

À son avis, on peut aborder l’ÉDI sous deux angles différents : l’élaboration de mandats d’ÉDI ou l’examen des enjeux selon l’expérience des groupes minorisés. D’une part, les mandats peuvent prendre la forme de cours sur le racisme obligatoires pour l’ensemble de la population universitaire, de bourses réservées aux personnes appartenant à un groupe racisé ou minoritaire, d’études approfondies et de statistiques sur les barrières à l’encontre des étudiantes et étudiants racisés, et de soutien accru répondant aux besoins particuliers des membres racisés de la communauté académique. D’autre part, les échanges fondés sur l’expérience sont tout aussi importants, car « le système est composé d’individus qui, ensemble, peuvent œuvrer pour le changement et l’inclusion », affirme Karine Coen-Sanchez.

Par Elly Walsh et Diego Herrera, Service de gestion de la recherche de l’Université d’Ottawa

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